Type et date de soutenanceSoutenance de thèse

L’identité narrative dans une société de projets. Lectures croisées entre Paul Ricoeur et Luc Boltanski

André Filipe DE FARIAS SOUZA

Résumé :

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Notre recherche propose une interprétation critique du système économique capitaliste qui se présente à la société actuelle comme une nouvelle idéologie qui entend conditionner l'identité des sujets en la réduisant à leurs déterminations. À partir de l’interprétation de l’ouvrage « Le nouvel esprit du capitalisme » de Luc Boltanski et Ève Chiapello, on observe l’émergence d’une société qui se développe dans une épistémologie des réseaux. Dans cette nouvelle dynamique du corps social, la verticalité des hiérarchies traditionnelles est remplacée par l'horizontalité des interactions guidées par des projets temporaires. Ce nouvel esprit du capitalisme est chargé de forger la « cité par projets », une cité symbolique, avec sa propre logique et ses valeurs qui s’imposent comme une injonction morale inculquée aux sujets. Nous observons comment cette nouvelle configuration sociale génère des transformations dans les relations humaines, notamment dans leurs aspirations esthétiques et développe une dynamique relationnelle mettant l'accent sur la capacité à établir des connexions. Ce nouvel esprit oppressif du capitalisme finit par réduire et affecter l’estime de soi, c’est-à-dire les capacités humaines à interpréter leur existence à travers leur puissance : parler, agir, raconter et s’imputer comme sujet responsable de ses actes. Dans la cité par projets, l’individu est réduit à l’équation projectiviste de la vie qui prend sens en fonction de sa capacité de connexion. Dans ce contexte de société en réseau, nous cherchons à établir un dialogue avec l'œuvre philosophique de Paul Ricœur, fondée fondamentalement sur son ouvrage « Soi-même comme un autre ». Notre intention est de présenter le concept d’identité narrative comme un outil de sauvetage de l’identité personnelle, captive de l’idéologie capitaliste. Ricœur semblait vouloir montrer combien il existe une force heuristique dans l’histoire que chacun raconte de soi-même, force qui, en dernière analyse, est pratique. Le sauvetage de l’identité personnelle par la médiation narrative opère une dénonciation subversive des formes d’humiliation humaine déclenchées par la cité par projets. L’identité narrative devient ainsi, d’autre part, une résistance au mouvement accéléré de la vie qui cherche à limiter l’action humaine au seul temps de travail. Si dans un cas la cité par projets prive délibérément le sujet de la capacité de produire sa propre conscience morale, dans l'autre l'identité narrative appelle à la reconnaissance un sujet qui se met en relation avec soi-même et avec l'autre et, donc, capable d’interpréter son existence elle-même.

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Jury

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  • M. Olivier Abel (Directeur de thèse), Institut protestant de Théologie (Montpellier)
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  • M. Philippe Corcuff, IEP de Lyon
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  • Mme Jeanne Marie Gagnebin de Bons, Université de Campinas
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  • Mme Eva Illouz, EHESS
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  • M. Fabio Reis Mota, Universidade Federal Fluminense
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