Type et date de soutenanceSoutenance de thèse

I never Write, I Just Do". Pratiques de l'écrit et enjeux théoriques du travail de Seth Siegelaub, dans l'art conceptuel, le militantisme et l'érudition

Martinetti Sara

Résumé

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Seth Siegelaub (1941, New York-2013, Bâle) est une figure majeure, connue des historiens de l’art pour avoir de manière séminale renouvelé les modalités d’exposition, de présentation et de distribution des œuvres conceptuelles. La carrière de celui qui a été considéré comme l’impresario zélé de quatre artistes (Robert Barry, Joseph Kosuth, Douglas Huebler [1924-1997], Lawrence Weiner) ne s’arrête pas en 1972, date qui marque son départ de l’art et qui aurait confirmé l’« échec » des luttes politiques d’une génération. Le dropout de Siegelaub – se revendiquant comme « not an artist » mais opérant au cœur du dispositif – serait-il une reconversion des savoir-agir conceptuels ? L’approche anthropologique de l’écrit dans lequel Siegelaub est puissamment investi permet de suivre un parcours de vie séquencé en trois « sphères d’activité » : l’art, le militantisme et l’érudition. Des entretiens avec notre personnage principal ainsi qu’avec ses collaborateurs, la consultation de l’ensemble de son fonds et des projets de valorisation nous ont permis d’en analyser les enjeux respectifs. La première sphère nous amène à découvrir l’art conceptuel comme une littératie qui étend de manière inédite les usages quotidiens de l’écrit. La deuxième fait émerger le centre de documentation militant comme forme politique de résistance au capitalisme et de transformation sociale. La troisième, par un intérêt parallèle pour le textile, révèle une appropriation personnelle de la bibliographie. Siegelaub ne change pas du tout au tout d’activité mais se déplace entre différents mondes sociaux polarisés en mettant en résonance des pratiques et en construisant des réseaux grâce à l’écrit.  En 1969, Siegelaub affirme : « Je ne suis pas un écrivain – je n’écris jamais, j’agis ». Son rapport à l’écrit est complexe, alors même qu’il n’a presque rien « écrit », au sens littéraire, théorique ou journalistique où on l’entend généralement. Qu’a fait Siegelaub avec l’écrit ? Dans quelle mesure les écrits ont-ils permis à cet editor, publisher, documentaliste, bibliographe et collectionneur d’agir ? Il a multiplié les écrits typiques comme le catalogue-exposition, le contrat ainsi que la bibliographie et, dans certains cas, en a renversé les usages à 180 degrés. Le parcours de Siegelaub touche à des enjeux théoriques puisque chaque domaine où il a été actif a produit un point de vue « local ». Les artistes conceptuels se sont intéressés au langage et ont utilisé le document pour tenir des positions critiques par rapport aux œuvres ; Armand Mattelart, chercheur critique ayant collaboré avec Siegelaub, a montré que les médias jouent un rôle essentiel dans la lutte des classes ; le savant graphomane François-Xavier Michel (1809-1897) a été précurseur d’une approche sociale de l’histoire des textiles. Le parcours de Siegelaub permet de considérer ensemble des idées sur l’écrit qui s’élaborent dans différentes disciplines et qui n’ont jamais été pensées dans leurs articulations.

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Jury

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  • Mme Béatrice Fraenkel (Directrice de thèse), EHESS
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  • Mme Julia Bryan-Wilson, University of California, Berkeley
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  • Mme Patricia Falguières, EHESS
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  • M. Armand Mattelart, Université Paris 8 Vincennes Saint-Denis
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  • Mme Valérie Mavridorakis, Sorbonne université
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  • M. Arnaud Pierre, Sorbonne université
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  • Mme Valérie Tesnières, EHESS
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