Type d'événement, date(s) et adresse(s)Colloque
Du à 9h au à 18h.
Institut Français de Kinshasa

Mémoires blessées, promesses inachevées

La pensée de Ricœur et les horizons africains

Lien(s) associé(s)Fonds Ricœur
Élément jointTaille
Affiche1.71 Mo
Programme détaillé et intervenants852.09 Ko
Thématique(s)Philosophie
Kinshasa

Ce colloque, issu d’une initiative du Fonds Ricœur (EHESS-Paris) et de sa réception dans divers cercles universitaires africains, vise à poser les grandes lignes d’un espace de questionnement partagé. Il s’agit d’un colloque de recherche universitaire, dont le premier objectif est de faire entendre la diversité des questions, la pluralité des angles d’attaque du sujet — présentés de manière brève, mais les textes intégraux seront publiés de manière à rester à la disposition des chercheurs.

Le programme du colloque reprend globalement en trois journées les trois grandes lignes du titre du livre du philosophe français (La mémoire, l’histoire, l’oubli, Paris Seuil 2000). Les mémoires blessées d’abord, tant par le passé colonial que par le présent des guerres, et l’hostilité mutuelle des mémoires. C’est le temps des témoignages de la mémoire, et de l’écoute de ces témoignages. C’est ensuite la question de la représentation du passé dans une histoire apaisée, mise à distance, qui accepte de faire la sépulture du passé. Quand pouvons-nous dire que le passé, dans ses traumatismes et ses promesses, est passé ? Il faudrait que la diversité des mémoires se reconnaisse dans l’histoire. C’est enfin le temps de la réparation, du rapport entre ces mémoires et les promesses enfouies, inachevées et, parfois, inexplorées. Mais il ne saurait y avoir oubli et apaisement sans un véritable travail de mémoire, qui se dégage du ressentiment et de la guerre des mémoires. C’est pourquoi les trois thèmes sont indissociables.

Le grand dialogue des cultures que Ricœur annonçait à l’échelle planétaire suppose de creuser l’herméneutique de notre condition historique, mais aussi la pluralité de nos régimes d’historicité. Il suppose de convertir l’hostilité des mémoires en hospitalité narrative, et de déconstruire et reconstruire ensemble certaines des promesses non tenues. Mais la pensée de Ricœur, tant sur la représentation du passé que sur la transmission des traumas et la juste mémoire, sera ici l’occasion d’élargir le débat à d’autres approches. Aujourd'hui, dans les villes africaines, à travers les thèmes de la violence et de l’humiliation, mais aussi du rêve et de la reconnaissance, les arts contemporains conjuguent ces rapports difficiles entre mémoires et histoire - coloniale, culturelle, sociale et politique - ainsi que ceux entre ces mémoires et l’avenir des émancipations. Nous voudrions montrer comment l’entrecroisement entre les imaginaires et la réalité sociale façonne l’agir en commun dans la vie quotidienne, et esquisse une prospective à la fois « utopique » et raisonnée de l’avenir.

Nous souhaiterions, autour de ces thèmes, rassembler non seulement des philosophes, des historiens, des sociologues, des juristes, des théologiens ; mais aussi des écrivains, des cinéastes, des artistes ; ainsi que des praticiens (ONG, confessions religieuses, acteurs sociaux, thérapeutes, et décideurs) confrontés au quotidien à la difficulté de réparer ces blessures. En effet, la représentation du passé comme celle de l’avenir ne saurait être l’apanage d’une discipline. En élargissant les genres de langage et les partages d’expériences, nous espérons un mélange inédit qui fera voir ces questions sous un jour nouveau, et favorisera une certaine inventivité dans l’apaisement des conflits, et leur fécondité.

 

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