Type et date de soutenanceSoutenance de thèse

Pour une description sémantique des assemblées citoyennes politiques. Etude de Marinaleda, du NPA et de Nuit debout

Zoé Camus

Zoé Camus

Résumé

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L'objectif de cette thèse est de caractériser les aspects sémantiques d’assemblées du village andalous Marinaleda, du Nouveau parti anticapitaliste et de Nuit debout, en considérant que ces interactions appartiennent à un seul et même type, que nous appelons assemblée citoyenne politique. Notre approche, située dans le paradigme de la sémantique argumentative, reprend et prolonge la Théorie des Blocs Sémantiques (Carel, 2011), selon laquelle les entités sémantiques ne sont que des possibilités discursives, et la Sémantique des conflits sociaux (Lescano, 2017), qui postule que ces possibilités discursives existent dans des espaces sémantiques sur lesquels agissent des discours différents, convergents comme antagonistes, formant ainsi la structure sémantique des conflits. Nous ferons l'hypothèse que les énoncés surgissent dans les assemblées citoyennes politiques non pas avec l'objectif d'agir sur les convictions des individus mais qu'ils sont l'instrument d'une lutte pour la stabilisation de certains éléments et la déstabilisation d'autres éléments dans un espace sémantique. Dès lors, décrire les propriétés sémantiques de ce type d'interactions revient à étudier les actions que les énoncés peuvent effectuer sur l'espace sémantique d’une assemblée, les entités sémantiques qu'ils peuvent y installer et les relations qui se produisent entre ces entités.  À partir de l’observation des différentes assemblées étudiées, nous montrons des phénomènes qui caractérisent leur fonctionnement sémantique : le vote apparaît non pas comme un mode d'arrêt de la décision, mais comme un dispositif de (dé)stabilisation des puissances de dire ; les interventions qui peuvent sembler plus centrales que d'autres sont le résultat de la construction de réseaux de relations sémantiques asymétriques ; les mécanismes de décrédibilisation de la parole adverse sont rendus possibles par des dépendances créées entre unités sémantiques antagoniques.  Notre étude montre enfin que l'objectif de ce type d'assemblée n'est pas de persuader ni d'arriver à un consensus, non pas parce que ces objectifs seraient impossibles, mais parce que les discours qui participent de ces interactions sont structurellement orientés vers la (dé)stabilisation de puissances discursives contradictoires.

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Jury

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  • Mme Marion Carel (Directrice de thèse), EHESS
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  • Mme Marianne Doury, Université Paris Descartes
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  • M. Alfredo Lescano, Université de Toulouse
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  • Mme Soledad Montero, CONICET
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  • M. Laurent Perrin, Université Paris Sorbonne
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