Type d'événement, date(s) et adresse(s)Journée(s) d'étude

EHESS (salle 13, 6ème étage), 105 Bd Raspail, 75006 Paris.

Cultures en rivalités?

Lien(s) associé(s)Page web de Maho Sebiane

Ces dernières années, la notion « d’appropriation culturelle » prend une dimension controversée dans la compréhension des échanges interculturels et transculturels. Elle renverrait à l’usage considéré comme déplacé de tout ou partie d’éléments à caractères culturels par les membres d’une autre culture y compris dans un contexte de domination. Quels sont donc les ressorts de l’expansion du champ d’intervention de la notion « d’appropriation » au regard des études sur le « transfert culturel » ? Comment une dimension normative se trouve-t-elle imbriquée dans son expression ? Et quelles seraient ses implications, à l’avenir, compte tenu de la complexification de la réalité sociale que le droit vient encadrer ?Cette journée d’étude pluridisciplinaire vise à développer la réflexion sur cette notion dans une perspective centrée sur les expressions et les pratiques musicales et dansées dans le cadre des enjeux patrimoniaux entre entités culturelles différenciées (États-nations, groupes linguistiques, culturels ou religieux). Il s`agit notamment d’explorer ses implications sur les pratiques d’emprunt, d’adaptation et d’hybridation à l’aune des études sur le « transfert culturel ». Elle se propose ainsi d’offrir un éclairage différent et actualisé de ces notions placées au cœur de la création et de la circulation des expressions culturelles dans et entre nos sociétés contemporaines. 

  • Journée d'étude organisée par Maho Sebiane - CRAL - EHESS

 

PROGRAMME

09H00 > 09H30 : Pot d’accueil 

  •    Introduction à la journée d’étude > Maho Sebiane > CRAL - EHESS

 

 Transferts & appropriations

09H30 > 13H30 

  • Modération : Frédéric Keck > LAS - EHESS
  • 09H30 > 10H15 Brigitte Derlon > LAS - EHESS - « Appropriation culturelle » : extension et transformations de la notion
  • 10H15 > 11H00 Monique Jeudy-Ballini > LAS - CNRS - La notion d’« appropriation culturelle » : quelle pertinence en anthropologie ?

11H00 > 11H20 Pause-Café 

  • 11H20 > 12H05 Julien Mallet > URMIS-IRD - Réflexion sur les notions de « transfert » et d’« appropriation culturelle » à partir des musiques « mafana » de Madagascar
  • 12H05 > 12H50 Caroline Bodolec > CCJ - CNRS - Quand la politique nationale rencontre la géopolitique du patrimoine : La Chine et les politiques de protection du patrimoine

12H50 > 13H30 Discussion générale13H30 > 14H30 Déjeuner- Buffet 

Normes & implications

14H30 > 18H30 

  • Modération : Brigitte Derlon > LAS - EHESS
  • 14H30 > 15H15 Vincent Négri > ISP - CNRS - La communauté comme fiction instituante d’une appropriation culturelle
  • 15H15 > 16H00 Maho Sebiane  > CRAL-EHESS - Traverser la frontière : patrimoines et « appropriations » dans le Golfe arabo-persique

16H00 > 16H20 Pause-Café 

  • 16H20 > 17H05 Laurent Dubreuil > CORNELL UNIVERSITY - « Culture globalisée et censures identitaires »

 

Discussion générale et remarques conclusives

17H05 > 18H30 

  • Introduction : Nathalie Heinich > CRAL - EHESS

18H30 Diner de clôture de la journée d’étude  

ARGUMENTAIRE

 Depuis la seconde moitié des années 1980, une riche littérature scientifique analyse comment, le « transfert culturel » joue un rôle prépondérant dans la circulation, la création et la redéfinition du sens des objets et des marchandises dans le cadre des échanges entre entités culturelles différenciées (cf. par exemple Espagne & Werner, 1988 ; Turgeon, Delage & Ouellet, 1996 ; Espagne, 2013 ; Gin, Goyer & Moser, 2014).De nombreux exemples indiquent que cette notion implique aussi bien des procédés d’imitation, d’emprunt, d’adaptation, d’hybridation des symboles, des artefacts matériels ou immatériels, des esthétiques, des genres, des rituels ou des technologies par les membres d’une autre culture (par exemple Gruzinski, 1999 ; Stokes, 2004 ; Mallet & Samson 2010 ; Krings, 2015 ; Sebiane, 2017). Certaines publications font notamment usage du terme « appropriation » afin de signifier l’action d’adapter l’objet du transfert et de le rendre propre à une utilisation donnée dans son nouveau contexte culturel.Or, la notion « d’appropriation » prend, ces dernières années, une dimension controversée dans la compréhension des échanges interculturels et transculturels. Sous la formulation « d’appropriation culturelle », sa signification acquiert le sens d’une affirmation militante opposant les parties prenantes impliquées dans les processus de transfert. Elle renverrait, au sens large, à l’usage considéré comme déplacé de tout ou partie d’éléments à caractères culturels par les membres d’une autre culture y compris dans un contexte de domination. Pourtant, si le terme « appropriation » a une utilité manifeste, il reste toutefois polysémique et conceptuellement mouvant lorsqu’il s’agit de saisir dans toute sa complexité les interactions culturelles et leurs enjeux, comme cela apparait dans nombre d’études sur le sujet (cf. par exemple Carrier, 1995 ; Dionne, Mariniello & Moser, 1996 ; Warnier, 1999 ; Martin, 2014 ; Ziff & Rao, 1997 ; Coombe, 1998 ; Born & Hesmondhalgh, 2000 ; Derlon & Jeudy-Ballini, 2015). Et, comme l’indiquent certains travaux critiques, les concepts en jeu ne se chevauchent pas nécessairement (par exemple Rogers, 2006 ; Young & Brunk, 2009).Ainsi, avec la multiplication des héritages culturels à préserver au sein des groupes minoritaires, des constructions patrimoniales parmi les États-nations, des labels et autres marques culturelles distinctives dans l’industrie culturelle où symboles, artefacts matériels ou immatériels, esthétiques, genres et rituels indistinctement perçus comme « biens culturels », se retrouvent en première ligne de ce phénomène de glissement du sens. Ce sont tous les aspects relatifs à la légitimité des pratiques d’emprunt, d’adaptation et de circulation qui sont au cœur de la fabrique de la diversité culturelle et sociale et de sa continuité dans et entre nos sociétés qui semblent être interpellées aujourd’hui. Quels sont donc les ressorts de l’expansion du champ d’intervention de la notion « d’appropriation » au regard des études sur le « transfert culturel » ? Comment une dimension normative se trouve-t-elle imbriquée dans son expression ? Et quelles seraient ses implications, à l’avenir, compte tenu de la complexification de la réalité sociale que le droit vient encadrer ?Cette journée d’étude vise à développer, dans un cadre pluridisciplinaire, la réflexion sur la notion « d’appropriation culturelle » appliquée au champ du patrimoine culturel immatériel (PCI). Il s’agira notamment d’explorer ses implications sur les pratiques d’emprunt, d’adaptation et d’hybridation à l’aune des études sur le « transfert culturel ». Cette journée d’étude rassemblera des spécialistes de disciplines et d’aires culturelles très diverses et se déroulera à l’EHESS. Elle privilégiera une perspective centrée sur les expressions et les pratiques musicales et dansées dans le cadre des enjeux patrimoniaux entre entités culturelles différenciées (États-nations, groupes linguistiques, culturels ou religieux). Cette rencontre se propose ainsi d’offrir un éclairage différent et actualisé de ces notions placées au cœur de la création et de la circulation des expressions culturelles dans le cadre des échanges interculturels et transculturels.  

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