Atelier consacré à François Flahaut et à l'Anthropologie générale

Cet atelier est organisé à l’occasion de la parution en février 2018 de l’ouvrage de François Flahault, L’homme, une espèce déboussolée. L’anthropologie générale à l’âge de l’écologie (Fayard, 2018).Les allers et retours qu’effectue François Flahault entre philosophie et sciences humaines sont autant d’invitations à considérer ouvert et d’actualité le questionnement sur la condition humaine et sur les modalités qui la constituent.Partant du principe qu’à elle seule la philosophie n’est pas en mesure de faire progresser les connaissances sur l’Homme, François Flahault propose une réorientation intellectuelle vers une conception écologique, non dualiste, non occidentalocentrée de la condition humaine. Cette vision écologique (au sens de l’écologie scientifique), incitant à penser l’Homme au sein d’un biotope social et symbolique, se nourrit des apports des sciences empiriques (paléoanthropologie, primatologie, anthropologie sociale, psychologie clinique et psychologie du développement, biologie ou éthologie), tout en questionnant la nature et la validité épistémologiques, philosophiques et anthropologiques de ces apports.Pointant le piège des conceptions utilitaristes, ce va et vient, propre à l’anthropologie générale, permet aux penseurs du temps présent de se dégager de la domination de la pensée économique. PROGRAMME Mercredi 30 Mai1ère demi-journée :14h : Accueil par Samuel Jubé (Directeur de l’Institut d’Études Avancées de Nantes) et présentation de l’atelier par François Dingremont et Lorenzo Vinciguerra. 14h20-16h :1- Le chantier de l’anthropologie générale (autour des rapports entre sciences humaines, sciences du vivant, neurosciences et éthologie).François Flahault présentera la visée générale de ses recherches. Pourquoi est-il aujourd’hui indispensable de questionner les présupposés de la conception occidentale de l’homme et de la société ? Puis il précise le propos de son dernier livre. Il indique comment certains concepts venant de la biologie (tels que métabolisme, homéostasie, symbiose ou hypertélie) permettent d’éclairer des processus humains et invitent à élargir le champ de l’écologie scientifique à l’activité mentale et sociale (on peut lire en particulier le chapitre 5 de L’Homme, une espèce déboussolée).Discutants : Michel Kreutzer (Éthologue/Université Paris Nanterre), Pierre Sonigo (Biologiste, directeur de la recherche et du développement chez Bio-Rad France).Pause16h20-18h :2 - Le langage, les apprentissages et le désir d’exister François Flahault évoquera l’apport essentiel de la psychologie du développement à l’anthropologie générale, notamment le fait que le cerveau seul ne suffit pas à produire conscience de soi et sentiment d’exister. Il indique également comment les recherches en linguistique de l’énonciation permettent de repérer, derrière la fonction informationnelle du langage, sa portée existentielle (Cf. chapitres 7, 12 et 13 de L’Homme, une espèce déboussolée).Discutants : Pierre Frath (Linguiste/Université de Reims), Marie-Eve Gachelin (Psychothérapeute/Présidente de l’Association Franco-Vietnamienne de psychologie de l’enfant NT-Psy).  Jeudi 31 Mai2ème demi-journée9h-10h40 :3 - Refonder le projet philosophique occidental François Flahault : pourquoi la philosophie doit renoncer au prestige d’une position de surplomb par rapport aux sciences et admettre que l’apport de celles-ci est indispensable pour répondre sérieusement aux questions proprement philosophiques (pp. 432-434 de L’Homme, une espèce déboussolée). Pour ce faire, il est nécessaire de mettre en relief les présupposés dualistes ou monistes de la tradition philosophique occidentale et d’esquisser différentes manières de les dépasser, et de passer en revue les différentes voies que cette tradition a insuffisamment exploré.Discutants : Jean-Marie Schaeffer (Philosophe/ Directeur d’Études à l’EHESS), Lorenzo Vinciguerra (Philosophe/Université de Picardie Jules Verne), Souleymane Bachir Diagne (Philosophe/Columbia Université/ IEA de Nantes).Pause11h-12h40:4 - Un dépassement de l’utilitarisme (économie/écologie/politique)Si les limites de l’utilitarisme sont le plus souvent soulignées pour des raisons morales et humanistes, elles doivent  également l’être pour les raisons que nous apportent les connaissances : les personnes humaines n’existent pas par elles-mêmes, la relation qu’elles entretiennent avec leur milieu de vie ne se réduit pas à l’utilité, et l’économie ne constitue pas, à elle seule, la base de la société (chap. 14, pp. 385-418, et Conclusion, pp. 430-431 de L’Homme, une espèce déboussolée).Discutants : Gildas Renou (Chercheur en sociologie politique/Université de Strasbourg), Pierre Musso (Philosophe/ Membre associé IEA de Nantes), Marc-Henry Soulet (Secrétaire général de l’Association internationale des sociologues de langue française/Université de Fribourg), Felwine Sarr Pause Déjeuner3ème demi-journée :14h-15h40 :5 -Enjeux anthropologiques et philosophiques de la littérature et des artsFrançois Flahault indiquera les raisons pour lesquelles il a consacré des années de recherche aux contes populaires et à d’autres récits de fiction. Continuer de se fier uniquement à la pensée conceptuelle  - et qui plus est écrite - conduit à perpétuer le lien qui unit celle-ci à une vision de l’homme occidentalocentrée.Il s’agira de saisir en quoi la pensée narrative constitue une voie spécifique de questionnement sur l’homme dans son milieu de vie. Discutants : François Dingremont (Ancien résident IEA de Nantes), Emmanuel Lozerand (Professeur de langue et littérature japonaises/INALCO).Pause16h00-17h406 - Au-delà de la conception occidentale de l’individuDans le prolongement de la session précédente, François Flahault évoquera les recherches présentées sous le titre (ironique) « Be yourself ! ». Dans ce livre, il présente d’abord la conception de l’individu célébrée par Thoreau, Emerson, Ibsen, Oscar Wilde et remonte à sa source platonicienne. Il montre ensuite comment une conception différente - être soi avec d’autres - amorcée à l’âge classique, est restée sans lendemain. Après quoi la plus grande partie du livre est consacrée à la manière dont les contes de tradition orale illustrent cette anthropologie relationnelle.La discussion ici tournera autour des enjeux fondamentaux des sciences sociales et plus particulièrement de l’anthropologie comme discipline offrant la possibilité d’établir des comparables et de dépasser les particularismes occidentaux concernant la conception de l’individu, la filiation, la dette symbolique, ainsi que la nature et la fonction des religions. Discutants : Danouta Liberski (Anthropologue/CNRS), Roberte Hamayon.