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Prix Recherche au présent 2018

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Prix Recherche au présent 2018

À l’occasion des trente ans du 20th and 21st-Century French and Francophone Studies International Colloquium, Anne Mairesse (University of San Francisco) et Anne Simon (Centre National de la Recherche Scientifique) ont créé le Prix Recherche au présent pour récompenser chaque année le travail novateur d’un.e doctorant.e en prise sur les débats et les enjeux qui fondent notre contemporanéité et ayant un lien avec le thème annuel fixé par les organisateurs/organisatrices du Congrès.


Chaque année, le Prix est décerné au cours du colloque. La communication retenue est publiée sous forme d’article développé dans la revue Contemporary French and Francophone Studies SITES. Le lauréat reçoit également un montant de huit cents dollars. Le Prix Recherche au présent espère ainsi apporter son soutien aux doctorant.es participant au Congrès et promouvoir le développement des études de langue française à l’international. Il est subventionné par Georgetown University, le CRAL (EHESS/CNRS), la Société d’Étude de la Littérature de Langue Française des XX-XXIe siècles et University of San Francisco.


Cette année, le Prix Recherche au présent a été attribué à Cécile Chatelet (THALIM, Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3) pour sa contribution « Révoltes et débâcles dans la fiction contemporaine française. Images réfléchies des soulèvements dans Rue des voleurs de Mathias Énard et Les Grands de Sylvain Prudhomme ». Depuis les années 1980, représenter la révolte est bien souvent consubstantiel d’une écriture de la débâcle, qui travaille les douloureux moments révolutionnaires de l’histoire du siècle dernier. En s’attachant à dire les insurrections du XXIe siècle, les romans de Mathias Énard Rue des voleurs (2012) et Les Grands (2014) de Sylvain Prudhomme permettent d’analyser à nouveaux frais le paradigme de la défaite dans la représentation des révolutions. Les deux textes usent d’un dispositif commun : un jeu de miroirs est établi entre deux soulèvements. Mathias Énard s’intéresse aux révolutions du Printemps arabe en même temps qu’il regarde le mouvement des Indignés en Espagne ; Sylvain Prudhomme met en parallèle le souvenir de la guerre d’indépendance de la Guinée-Bissau et l’échec de toute révolte possible face au coup d’État militaire lors des élections présidentielles libres de 2012. Ce travail propose de lire ce jeu de regards croisés comme l’affirmation d’un inachèvement des insurrections plutôt qu’une constatation de leurs échecs. Ainsi, si ces fictions prolongent un refus du geste littéraire de sacralisation de la révolution, elles pensent aussi la révolution comme un projet critique nécessitant d’être sans cesse actualisé. Elles mettent en avant la résistance qu’elle implique comme expérience centrale du sujet politique, posture précaire de lucidité à laquelle il s’agit de ne pas renoncer.

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