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Jacqueline Chénieux-Gendron, membre du CRAL depuis 2006, nous a quittés début septembre 2022

Jacqueline Chénieux-Gendron / DR
Jacqueline Chénieux-Gendron / DR

Jacqueline Chénieux-Gendron a dédié ses recherches à l’étude du surréalisme. Membre du Comité scientifique du site andrebreton.fr, elle s’est attachée de longue date à la compréhension conceptuelle du mouvement surréaliste, sur lequel elle a publié plus d’une quinzaine de livres.

Ses deux principaux ouvrages critiques, après réécriture sous de nouveaux titres, ont été publiés en 2014, chez Honoré Champion : Inventer le réel. Le surréalisme et le roman ainsi que Surréalismes, L’esprit et l’histoire. Les deux ont été traduits en anglais, espagnol, portugais, japonais et russe.

Dès 2002, à l’occasion de la grande exposition La Révolution surréaliste au MNAM / Centre Pompidou, Werner Spies lui confie la réalisation d’une anthologie critique parue chez Gallimard, Il y aura une fois, une anthologie du surréalisme (Folio n°3674, 2004) : ce volume reste actuellement, dans toutes les langues, la seule anthologie thématique du surréalisme international.

Les recherches de Jacqueline Chénieux-Gendron sont ainsi marquées par une double orientation, philosophique et historienne. Ses travaux ont été salués notamment par Julien Gracq dans son premier article portant sur Marcel Duchamp (Le Nouveau Commerce, 1983), puis par Yves Bonnefoy, Jean Starobinski ou Guy Rosolato, ainsi que par la critique ; elle est considérée comme l’une de celles ou ceux qui ont renouvelé les modalités du regard porté sur le mouvement surréaliste, en l’envisageant non plus seulement comme un espace littéraire ou plastique à décrire, mais comme la trace d’une ambition intellectuelle et morale.

Elle a monté en 1975 la toute première équipe universitaire française dédiée à l’étude du surréalisme, qui a donné lieu à une collection critique d’ouvrages collectifs dont plusieurs sous sa responsabilité directe : Du Surréalisme et du plaisir, 1987 ; Jeu surréaliste et humour noir, 1993 ; Lire le regard : André Breton et la peinture, 1993 ; Violence, théorie, surréalisme, 1994 ; Pensée mythique et surréalisme, 1996, ou encore Pensée de l’expérience, travail de l’expérimentation au sein des surréalismes et des avant-gardes, 2005.

Parallèlement, Jacqueline Chénieux-Gendron a fondé et dirigé de 1985 à 2009 la revue Pleine Marge, Cahiers de poésie, d’art plastique et de critique, qui mettait en situation de dialogue les modernités poétiques et plastiques et certains artistes surréalistes.

Elle a également enseigné en troisième cycle et dirigé des travaux de recherches à l’Université de Paris 7-Jussieu puis Paris-Diderot, de 1984 à 2005, ainsi qu’à l’Université de Princeton (New Jersey), aux Etats-Unis, en 2001-2002.

C’est après sa carrière brillante au CNRS, au moment d’accéder à l’éméritat, que Jacqueline Chénieux-Gendron, décidée à continuer une carrière de recherche active, a rejoint le CRAL. Elle a développé une activité intense de publication, d’organisation de colloques et d’expositions dans notre UMR et a été présente à tous les moments importants de l’unité, dans laquelle elle se plaisait et qu’elle appréciait.

Ainsi, elle a co-organisé en 2017 avec Pierre Caye, Myriam Bloedé et Martine Colin-Picon, à la BnF et à l’INHA, un colloque international intitulé Breton après Breton (1966-2016) Philosophies du surréalisme.

En 2019-2020, elle prend en charge la direction scientifique de l’exposition et est responsable avec les commissaires de l’exposition du catalogue L’Invention du surréalisme, des Champs magnétiques à Nadja, organisée à la BnF par cette institution et par la Bibliothèque Littéraire Jacques-Doucet.

Son dernier livre, Surréalismes et résistance à l’esthétique : vers une pensée morale, est sous presse aux éditions Hermann.

Jacqueline Chénieux-Gendron nous laissera le souvenir d’une personne enjouée et discrète, passionnée par ses recherches et très appréciée de ses étudiants, de ses collègues et de ses amis.

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